Qu'est-ce que le Hot Composting et la méthode Berkeley ?
Le "Hot Composting" (compostage à chaud) est une technique de compostage qui vise à accélérer drastiquement le processus de décomposition en maintenant le tas à des températures élevées (entre 55°C et 65°C). Ces températures sont idéales pour l'activité des bactéries thermophiles, qui décomposent rapidement la matière organique.
La méthode Berkeley est l'une des techniques de hot composting les plus connues et les plus rigoureuses. Développée par l'Université de Californie à Berkeley, elle promet un compost prêt en seulement 18 jours si elle est suivie à la lettre. Elle repose sur la collecte d'une grande quantité de matières en une seule fois, un équilibre précis entre carbone et azote, une humidité contrôlée et un programme de retournement intensif.
Avantages du Hot Composting
Si la méthode Berkeley est exigeante, ses bénéfices sont nombreux et significatifs :
- Rapidité : C'est l'avantage principal. Obtenir du compost en moins de trois semaines est un gain de temps considérable pour les jardiniers qui ont des besoins urgents.
- Destruction des agents pathogènes et graines de mauvaises herbes : Les températures élevées atteintes (55-65°C) sont suffisantes pour tuer la plupart des graines de mauvaises herbes, des agents pathogènes et des larves d'insectes nuisibles, rendant le compost final plus sain pour le jardin.
- Qualité du compost : Le compost obtenu est généralement très homogène, riche et bien décomposé, avec une excellente structure.
- Moins de nuisibles et d'odeurs : Un compost qui chauffe correctement et se décompose rapidement est moins attrayant pour les moucherons, les mouches et les rongeurs, et il dégage moins de mauvaises odeurs.
- Efficacité : Moins de gaspillage d'espace et de temps sur le long terme.
Les principes clés pour un compostage à chaud réussi
Pour que le hot composting fonctionne, il faut maîtriser quatre éléments essentiels :
- 1. Ratio Carbone/Azote (C/N) : C'est le cœur de la méthode. Il faut un équilibre précis, généralement autour de 25-30 parts de carbone pour 1 part d'azote.
- Matières carbonées (brunes) : Feuilles mortes sèches, paille, foin, copeaux de bois, carton déchiqueté, papier journal. Elles apportent de l'énergie et de la structure.
- Matières azotées (vertes) : Tontes de gazon fraîches, épluchures de légumes et fruits, marc de café, déchets de cuisine, fumier frais. Elles apportent de la nourriture aux bactéries.
- 2. Humidité : Le compost doit être humide comme une éponge essorée (environ 50-60 % d'humidité). C'est crucial pour l'activité microbienne. Ni trop sec (l'activité s'arrête) ni trop humide (devient anaérobie, sent mauvais, ne chauffe pas).
- 3. Aération : Un apport constant d'oxygène est vital pour les bactéries aérobies qui produisent la chaleur. Le retournement régulier est la clé de l'aération.
- 4. Volume du tas : Le tas doit être suffisamment grand pour retenir la chaleur. Un minimum de 1 mètre cube (1m x 1m x 1m) est recommandé. En dessous, la chaleur s'échappe trop vite et le compost ne chauffe pas.
- 5. Taille des particules : Plus les matériaux sont petits (coupés, broyés), plus la surface de contact pour les micro-organismes est grande, et plus la décomposition est rapide.
La méthode Berkeley en 18 jours : étapes détaillées
Voici comment appliquer la méthode Berkeley pour un compost ultra-rapide :
- Jour 1 : Préparation et construction du tas
- Collecte des matériaux : Rassemblez une grande quantité de matières vertes et brunes. L'idéal est de les avoir prêtes avant de commencer. Broyez ou coupez les matériaux en petits morceaux (2 à 5 cm).
- Construction du tas : Montez votre tas d'un volume minimum de 1m x 1m x 1m. Alternez les couches de matières vertes et brunes, en respectant le ratio C/N (environ 2-3 parts de brun pour 1 part de vert en volume). Arrosez chaque couche pour atteindre l'humidité d'une éponge essorée. Le tas doit être bien aéré.
- Première chauffe : Le tas devrait commencer à chauffer rapidement, atteignant 55-65°C en 24 à 48 heures.
- Jour 2-4 : Phase de chauffe intense et premier retournement
- Surveillance de la température : Utilisez un thermomètre à compost pour vérifier la température quotidienne. L'objectif est de maintenir le tas entre 55°C et 65°C.
- Retournement (Jour 4) : Une fois que le tas a atteint la bonne température pendant au moins 2 jours (ou si la température commence à redescendre), effectuez le premier retournement. Mélangez l'intérieur vers l'extérieur et le haut vers le bas. Cela réoxygène le tas et relance la chauffe.
- Jour 5-18 : Retournements quotidiens ou tous les deux jours
- Fréquence : C'est la partie la plus intense. Retournez le tas tous les jours ou tous les deux jours. Le but est de le réaérer dès que la température commence à baisser ou a atteint 65°C.
- Vérification de l'humidité : À chaque retournement, vérifiez l'humidité et arrosez si nécessaire.
- Fin de la phase chaude : Après 14 à 18 jours et plusieurs retournements, la température du tas ne remontera plus, même après un brassage. Cela signifie que la phase de décomposition rapide est terminée.
- Fin : Phase de maturation
- Le compost peut alors entrer en phase de maturation (environ 2 à 4 semaines) sans retournement. Il va refroidir et les vers de terre et autres micro-organismes mésophiles prendront le relais pour affiner le compost.
- Il sera prêt à l'emploi quand il aura une odeur de terre fraîche, une couleur sombre et une texture homogène.
💡 Le conseil de l’expert
La clé de la méthode Berkeley est la préparation minutieuse et la discipline.
Rassemblez TOUS vos matériaux à l'avance et broyez-les finement.
Le succès dépend de la capacité à maintenir le ratio C/N, l'humidité et l'aération
par des retournements très réguliers. Ne sous-estimez pas l'effort, mais le résultat en vaut la peine !