Comment Faire du Compost à la Maison : Guide Complet Étape par Étape

Personne ajoutant des déchets organiques dans un composteur de jardin
Faire son compost à la maison est simple, économique et écologique. Suivez notre guide pour réussir dès le premier tas.

Pourquoi et Comment Faire du Compost à la Maison ?

Faire son compost à la maison est l'un des gestes écologiques les plus simples et les plus gratifiants que vous puissiez adopter. Chaque année, un foyer français produit environ 80 kg de déchets organiques qui finissent à la poubelle. En les compostant, vous réduisez vos déchets de 30%, économisez sur l'achat d'engrais et créez un amendement naturel exceptionnel pour votre jardin.

Le compostage domestique ne nécessite ni compétences particulières ni équipement coûteux. Avec quelques principes de base (comprendre le compost), de la régularité et un peu d'observation, vous transformerez vos épluchures en or noir pour vos plantes. Ce guide vous accompagne pas à pas, de l'installation de votre composteur jusqu'à la récolte de votre premier compost mûr.

Ce que vous allez apprendre : Les 5 étapes essentielles pour réussir votre compost, les proportions exactes à respecter, comment éviter les odeurs et les nuisibles, et comment obtenir un compost de qualité professionnelle en 4 à 6 mois.

Étape 1 : Préparer son Installation de Compostage

La réussite de votre compost commence par une bonne préparation. Voici ce qu'il faut mettre en place avant de commencer.

a) Choisir le bon emplacement

L'emplacement de votre composteur est crucial pour son bon fonctionnement :

  • Mi-ombre, mi-soleil : Évitez le plein soleil qui dessèche trop rapidement et l'ombre totale qui ralentit la décomposition. Un endroit recevant 3-4 heures de soleil par jour est idéal.
  • Sur terre nue : Le contact direct avec le sol permet aux micro-organismes et vers de terre de coloniser naturellement votre compost. Évitez le béton ou le carrelage.
  • Bien drainé : Choisissez un endroit où l'eau ne stagne pas, mais pas non plus un terrain en forte pente où les liquides s'écouleront trop vite.
  • Accessible toute l'année : Vous devrez y accéder en hiver comme en été, par tous les temps. Un chemin praticable est essentiel.
  • À proximité raisonnable : Entre 5 et 15 mètres de votre cuisine est l'idéal. Trop près : risque d'odeurs (si mal géré). Trop loin : vous n'irez pas régulièrement.
  • Abrité du vent : Un vent fort dessèche le compost et disperse les feuilles légères.

b) Sélectionner le bon équipement

Vous n'avez pas besoin de beaucoup pour commencer :

  • Le composteur : Bac en bois (300-400L minimum), en plastique recyclé, ou simple tas au sol. Pour débuter, un composteur de 400L suffit pour une famille de 4 personnes (guide de choix des composteurs).
  • Un bio-seau : Seau de 5-10L avec couvercle pour collecter vos déchets de cuisine. Préférez-le avec un filtre à charbon pour limiter les odeurs.
  • Une fourche ou un aérateur : Pour brasser et aérer votre compost tous les 15 jours. Une fourche de jardin classique fait très bien l'affaire.
  • Un seau ou arrosoir : Pour ajuster l'humidité si nécessaire.
  • Un tamis (optionnel) : Pour affiner votre compost mûr avant utilisation.
  • Des gants de jardinage : Pour manipuler le compost confortablement.

c) Préparer sa matière de base

Avant de commencer, constituez un stock de matière sèche (brune) :

  • Feuilles mortes : Ramassez-en plusieurs sacs à l'automne et stockez-les au sec. Elles serviront toute l'année.
  • Carton brun : Gardez des cartons d'emballage (sans scotch, sans encre brillante), découpés en petits morceaux.
  • Broyat de branches : Si vous avez des tailles à faire, conservez le broyat dans un endroit sec.
  • Paille ou foin sec : Excellent pour équilibrer les apports humides.

Astuce : La matière sèche est votre assurance contre les mauvaises odeurs. Ayez-en toujours à disposition !

Étape 2 : Démarrer son Compost - Les Premières Couches

Le démarrage est une phase cruciale qui conditionne toute l'évolution de votre compost.

La méthode de démarrage en lasagnes

Cette technique éprouvée garantit un excellent départ :

  1. Couche de drainage (10-15 cm) : Commencez par une épaisse couche de branchages grossiers, de tiges dures ou de petites branches. Cette couche permet une bonne circulation de l'air à la base et évite que le compost ne se compacte.
  2. Première couche brune (10 cm) : Ajoutez des feuilles mortes, du carton ou du broyat. Cette base sèche absorbera les jus des premières matières humides.
  3. Première couche verte (5-8 cm) : Déchets de cuisine (épluchures, restes de légumes), tontes fraîches ou déchets verts du jardin.
  4. Saupoudrage de terre : Ajoutez une fine couche de terre de jardin ou de compost mûr (si vous en avez). Cela apporte les micro-organismes décomposeurs essentiels.
  5. Arrosage léger : Humidifiez sans détremper. Le compost doit avoir la consistance d'une éponge essorée.

Répétez cette alternance (vert-brun-terre) sur les premiers 30-40 cm de votre composteur. Cette stratification assure un bon équilibre dès le départ.

Les activateurs naturels pour accélérer le démarrage

Pour booster la colonisation microbienne, vous pouvez ajouter :

  • Purin d'ortie dilué : Riche en azote, il stimule l'activité biologique.
  • Marc de café : Excellent activateur, apprécié des vers de terre.
  • Fumier frais : Si vous avez accès à du fumier de cheval, poule ou lapin (une pelletée suffit).
  • Urine diluée (1:10) : Riche en azote, c'est un activateur gratuit et très efficace (et oui, c'est scientifiquement prouvé !).

Important : Ne remplissez pas votre composteur en une seule fois avec un gros volume de déchets identiques (par exemple, 50L de tontes). Privilégiez les apports réguliers et variés (comment accélérer le compostage).

Étape 3 : Alimenter Correctement son Compost au Quotidien

L'alimentation régulière et équilibrée de votre compost est la clé de sa réussite. Voici comment faire au jour le jour.

a) Ce que vous pouvez composter (Liste complète)

Déchets de cuisine (matières vertes/humides) :

  • ✅ Toutes les épluchures de fruits et légumes (même agrumes en quantité modérée)
  • ✅ Restes de fruits et légumes crus ou cuits (sans sauce grasse)
  • ✅ Marc de café avec le filtre papier
  • ✅ Sachets de thé et tisanes (sans agrafe)
  • ✅ Coquilles d'œufs écrasées
  • ✅ Pain rassis en petits morceaux
  • ✅ Céréales et pâtes cuites (sans sauce)
  • ✅ Fleurs fanées et plantes d'intérieur

Déchets de jardin (mixte vert et brun) :

  • ✅ Tontes de gazon (en couche fine de 5 cm max, mélangées à du brun)
  • ✅ Feuilles mortes (excellente matière brune)
  • ✅ Tailles de haies broyées
  • ✅ Mauvaises herbes (sans graines)
  • ✅ Plantes et fleurs fanées
  • ✅ Fanes de légumes du potager

Autres matières compostables :

  • ✅ Cartons bruns découpés (emballages, rouleaux de papier toilette)
  • ✅ Papier journal non coloré en petite quantité
  • ✅ Essuie-tout et mouchoirs en papier
  • ✅ Sciure et copeaux de bois non traité
  • ✅ Cendres de bois (en très petite quantité : 1 poignée par mois)
  • ✅ Cheveux et poils d'animaux

b) Ce qu'il NE faut PAS composter

  • ❌ Viandes, poissons, os et arêtes (attirent les nuisibles, odeurs fortes)
  • ❌ Produits laitiers (fromage, yaourt, lait)
  • ❌ Huiles et graisses de cuisson
  • ❌ Pain moisi en grande quantité
  • ❌ Excréments de chiens et chats (risques sanitaires)
  • ❌ Litières minérales
  • ❌ Plantes malades ou traitées chimiquement
  • ❌ Mauvaises herbes montées en graines
  • ❌ Cendres de charbon ou de barbecue
  • ❌ Bois traité, peint ou verni
  • ❌ Sacs plastiques "biodégradables" (trop lents à se décomposer)
  • ❌ Litière de chat (même végétale)

c) La routine quotidienne idéale

À la cuisine :

  1. Collectez vos déchets compostables dans votre bio-seau tout au long de la journée.
  2. Gardez à côté un petit sac de feuilles mortes sèches ou de carton déchiqueté.
  3. Videz votre bio-seau tous les 2-3 jours maximum (quotidiennement en été).

Au composteur :

  1. Versez le contenu de votre bio-seau.
  2. Recouvrez immédiatement avec une bonne poignée de matière brune.
  3. Mélangez légèrement en surface avec une fourche ou un bâton.
  4. Refermez le couvercle.

Cette simple habitude prend 2 minutes et prévient 99% des problèmes d'odeurs et de mouches (résoudre les problèmes courants).

d) La règle des 3 secondes pour savoir quoi composter

En cas de doute sur un déchet, posez-vous ces 3 questions :

  1. Est-ce d'origine végétale ? Si oui → probablement OK.
  2. Est-ce gras, huileux ou animal ? Si oui → à éviter.
  3. Est-ce que ça pourrait attirer des rats ? Si oui → ne pas mettre.

Dans 90% des cas, ces questions suffisent !

Étape 4 : Entretenir son Compost pour Optimiser la Décomposition

Un compost actif nécessite un minimum d'entretien régulier. Ces gestes simples garantissent un compost de qualité.

a) L'aération : L'oxygène, carburant de la décomposition

Les micro-organismes aérobies (qui décomposent efficacement) ont besoin d'oxygène :

  • Fréquence : Brassez votre compost toutes les 2-3 semaines avec une fourche ou un aérateur.
  • Technique : Enfoncez la fourche profondément, soulevez et retournez les matières. Ramenez les matières du centre (plus chaudes) vers les bords, et inversement.
  • Bénéfices : Accélère la décomposition de 50%, évite les zones anaérobies qui génèrent des odeurs, homogénéise l'humidité et la température.
  • Signe d'alerte : Si vous sentez une odeur d'œuf pourri ou d'ammoniaque en ouvrant votre composteur, c'est qu'il manque d'air. Brassez immédiatement et ajoutez du brun.

b) L'humidité : Ni trop, ni trop peu

L'humidité idéale se situe entre 40 et 60% (gérer l'humidité du compost) :

  • Test de la poignée : Prenez une poignée de compost et serrez-la. Elle doit tenir en motte sans que de l'eau n'en sorte. En la pressant, quelques gouttes peuvent perler. Si elle s'effrite : trop sec. Si l'eau coule : trop humide.
  • Compost trop sec : Arrosez légèrement en pluie fine lors du brassage. Ajoutez plus de matières vertes (humides). Couvrez moins le compost pour qu'il reçoive la pluie.
  • Compost trop humide : Ajoutez généreusement du carton, des feuilles sèches ou de la paille. Brassez pour aérer. Protégez le compost de la pluie avec un couvercle ou une bâche.

c) La température : Indicateur d'activité

Un compost actif monte en température au cœur du tas :

  • Phase thermophile : Le cœur du compost peut atteindre 60-70°C les premières semaines. C'est normal et souhaitable : cette chaleur détruit les pathogènes et les graines d'adventices.
  • Vérification : Enfoncez un bâton ou votre bras (avec un gant long) au centre. Si c'est chaud : excellent signe d'activité !
  • Refroidissement progressif : Après 2-3 mois, la température baisse naturellement à 30-40°C, puis à température ambiante en phase de maturation.

d) Surveillance visuelle et olfactive

Un compost sain présente :

  • ✅ Odeur de sous-bois, de terre fraîche
  • ✅ Présence de vers de terre, cloportes, insectes (excellents décomposeurs)
  • ✅ Apparition de petits champignons blancs (filaments mycéliens, signe de bonne décomposition)
  • ✅ Déchets qui "fondent" progressivement et deviennent méconnaissables

Signaux d'alerte :

  • ⚠️ Odeur d'ammoniaque → Trop d'azote (vert), ajoutez du brun
  • ⚠️ Odeur d'œuf pourri → Manque d'oxygène, brassez
  • ⚠️ Présence de moucherons → Déchets non recouverts, ajoutez du brun systématiquement
  • ⚠️ Matières collantes, compactes → Trop humide ou trop de tontes, ajoutez du brun et brassez

e) Le calendrier d'entretien optimal

Chaque semaine :

  • Apports réguliers de déchets (avec recouvrement brun)
  • Vérification visuelle rapide (odeur, aspect)

Toutes les 2-3 semaines :

  • Brassage/aération complet
  • Vérification de l'humidité (test de la poignée)
  • Ajustement brun/vert si nécessaire

Une fois par mois :

  • Vérification de la température au centre
  • Observation des décomposeurs (vers, insectes)
  • Nettoyage du pourtour du composteur

Étape 5 : Récolter et Utiliser son Compost Mûr

Après 4 à 6 mois (voire 8-12 mois selon la saison et l'entretien), votre compost arrive à maturité. Voici comment le reconnaître et l'utiliser.

a) Reconnaître un compost mûr

Un compost prêt à l'emploi présente ces caractéristiques (reconnaître un compost mûr) :

  • Couleur : Brun foncé à noir, homogène
  • Odeur : Agréable odeur de sous-bois, de terre forestière
  • Texture : Grumeuse, friable, qui s'émiette entre les doigts
  • Aspect : Les matières d'origine ne sont plus reconnaissables (sauf quelques morceaux de branches ou coquilles d'œuf)
  • Température : Retour à la température ambiante
  • Volume : Réduction de 50 à 70% du volume initial

Test de germination : Semez du cresson dans un pot avec votre compost. S'il germe et pousse normalement en 3-4 jours, le compost est mûr et non phytotoxique.

b) Récolter le compost

Méthode du système à 3 bacs :

Si vous utilisez un système à plusieurs bacs, le compost mûr se trouve dans le bac qui n'a plus reçu d'apports depuis plusieurs mois. Prélevez-le par le bas avec une fourche.

Méthode du bac unique :

  1. Arrêtez les apports 1 mois avant la récolte.
  2. Ouvrez le composteur (ou retirez les planches basses si votre modèle le permet).
  3. Le compost mûr se situe en partie basse. Prélevez-le avec une fourche.
  4. Le compost semi-mûr du dessus retourne dans le composteur pour continuer sa maturation.

Tamisage (optionnel) :

  • Utilisez un tamis à mailles de 10-15 mm.
  • Le compost fin obtenu est parfait pour les semis et le rempotage.
  • Les éléments grossiers (morceaux de bois, coquilles) retournent dans le composteur.

c) Utiliser son compost dans le jardin

Au potager (utiliser le compost au potager) :

  • Incorporation au sol avant plantation : 2-3 kg/m² (une brouette pour 10 m²)
  • Paillage nutritif autour des plants : 2-3 cm d'épaisseur
  • Enrichissement des trous de plantation : 1-2 poignées mélangées à la terre

Aux arbres et arbustes :

  • Griffez 5-10L de compost au pied de chaque sujet, sans toucher le tronc
  • Période idéale : automne ou début de printemps

Aux plantes en pot :

  • Mélange : 1/3 compost + 2/3 terreau pour les rempotages
  • Surfaçage : remplacer les 2-3 cm de terre en surface par du compost

À la pelouse :

  • Tamiser finement et épandre 500g-1kg/m² en automne ou printemps
  • Scarifier légèrement avant l'apport pour optimiser la pénétration

Thé de compost (engrais liquide) :

  • Faites macérer 1kg de compost dans 10L d'eau pendant 24-48h
  • Filtrez et diluez (1 volume de thé pour 10 volumes d'eau)
  • Utilisez en arrosage pour un coup de boost aux plantes gourmandes (tomates, courges)

d) Conservation du compost

Le compost mûr peut se conserver plusieurs mois :

  • Stockez-le à l'abri de la pluie et du soleil direct
  • Couvrez-le avec une bâche ou stockez-le dans des sacs en toile
  • Il continue de mûrir doucement et améliore encore sa qualité
  • Un compost bien conservé garde ses propriétés 6-12 mois

Les Proportions Idéales : La Règle d'Or du Compostage

Le secret d'un compost réussi tient en un équilibre : le rapport carbone/azote (C/N). Comprendre cette règle vous évitera 90% des problèmes.

a) Comprendre le rapport C/N

Les micro-organismes qui décomposent votre compost ont besoin d'un régime équilibré :

  • Carbone (C) : C'est leur source d'énergie. On le trouve dans les matières brunes, sèches, dures (feuilles mortes, carton, paille, bois).
  • Azote (N) : C'est leur source de protéines pour se multiplier. On le trouve dans les matières vertes, humides, molles (épluchures, tontes, déchets de cuisine).

Le rapport idéal est de 25-30 volumes de carbone pour 1 volume d'azote. Mais pas de panique, vous n'avez pas besoin de calculatrice !

b) La règle simple : 50/50 en volume

En pratique, visez ces proportions faciles à retenir :

  • 50% de matières brunes (carbone) : Feuilles mortes, carton, paille, broyat de branches
  • 50% de matières vertes (azote) : Déchets de cuisine, tontes, déchets verts du jardin

En volume, pas en poids ! Une poignée de déchets de cuisine = une poignée de feuilles mortes. Simple, non ?

c) Tableau des matières : Ratio C/N

Matières très riches en AZOTE (vertes) - À modérer :

  • Tontes de gazon fraîches (C/N 15:1) - Maximum 5 cm par couche
  • Déchets de cuisine (C/N 15-20:1) - Toujours recouvrir
  • Marc de café (C/N 20:1) - Excellent activateur
  • Fumiers frais (C/N 15-25:1) - Puissant activateur

Matières équilibrées - Base du compost :

  • Feuilles vertes (C/N 30-40:1)
  • Fleurs et plantes fanées (C/N 30:1)
  • Épluchures variées (C/N 25:1)

Matières riches en CARBONE (brunes) - Indispensables :

  • Feuilles mortes (C/N 50-60:1) - Le trésor du composteur
  • Paille (C/N 80:1) - Excellente structure
  • Carton brun (C/N 350:1) - Très utile pour absorber l'humidité
  • Sciure (C/N 500:1) - À utiliser avec parcimonie
  • Broyat de branches (C/N 100-150:1) - Structure aérée

d) Ajuster selon les signes

Trop d'azote (vert) - Signes :

  • Odeur d'ammoniaque piquante
  • Compost visqueux, compact, trop humide
  • Présence massive de moucherons
  • Solution : Ajoutez 2-3 fois plus de brun, brassez énergiquement

Trop de carbone (brun) - Signes :

  • Décomposition très lente ou stagnante
  • Compost sec, poussiéreux
  • Matières encore bien reconnaissables après 3 mois
  • Absence de chaleur au centre
  • Solution : Ajoutez des matières vertes fraîches, arrosez légèrement, ajoutez un activateur (marc de café, purin d'ortie)

e) L'astuce du seau témoin

Gardez près de votre composteur deux seaux :

  • Seau vert : Pour visualiser vos apports humides de la semaine
  • Seau brun : Pour les matières sèches correspondantes

Si votre seau vert se remplit deux fois plus vite : vous manquez de brun. Constituez un stock !

Adapter son Compost aux Saisons

Le compostage est une activité vivante qui évolue au rythme des saisons. Voici comment optimiser votre compost toute l'année.

a) Printemps (mars-mai) : Le redémarrage

Caractéristiques : Reprise de l'activité biologique, températures douces, pluies régulières.

  • Actions : Brassez profondément votre compost d'hiver. Ajoutez un activateur (purin d'ortie, marc de café) pour relancer l'activité. Récoltez le compost mûr de l'année précédente (compost au printemps).
  • Apports typiques : Premières tontes (attention à bien les mélanger !), tailles de printemps, déchets de nettoyage du jardin.
  • Vigilance : Les premières tontes sont très riches en azote. Ne les mettez jamais seules : 1 volume de tonte pour 2-3 volumes de brun.

b) Été (juin-août) : La période active

Caractéristiques : Forte activité, risque de dessèchement, production importante de déchets verts.

  • Actions : Surveillez l'humidité (test de la poignée chaque semaine). Protégez du plein soleil avec une bâche claire ou déplacez temporairement. Brassez régulièrement (toutes les 2 semaines).
  • Apports typiques : Tontes nombreuses, déchets du potager (fanes, feuilles abîmées), fruits et légumes en abondance.
  • Vigilance : Videz votre bio-seau quotidiennement pour éviter mouches et odeurs. L'été génère beaucoup de vert : constituez un stock de brun (gardez des feuilles mortes de l'automne précédent).
  • Astuce : Laissez sécher les tontes 24h au soleil avant de les ajouter. Elles seront moins compactes et plus faciles à intégrer.

c) Automne (septembre-novembre) : La saison dorée

Caractéristiques : Abondance de matières brunes (feuilles mortes), températures en baisse, dernières récoltes.

  • Actions : C'est LE moment de faire le plein de feuilles mortes ! Ramassez-en plusieurs sacs et stockez-les au sec pour toute l'année. Brassez une dernière fois avant l'hiver. Récoltez le compost mûr.
  • Apports typiques : Feuilles mortes en masse, derniers légumes du potager, tailles d'automne, citrouilles d'Halloween (coupées en morceaux).
  • Vigilance : Ne mettez pas toutes les feuilles d'un coup ! Alternez avec vos déchets verts, ou faites un tas de feuilles séparé qui se décomposera lentement en terreau de feuilles.
  • Préparation hiver : Faites un dernier brassage, vérifiez que le compost n'est ni trop sec ni trop humide, couvrez-le bien.

d) Hiver (décembre-février) : Le ralentissement

Caractéristiques : Activité biologique ralentie (mais pas arrêtée !), froid, potentiellement neige ou gel (compost en hiver).

  • Actions : Continuez les apports normalement, mais inutile de brasser (sauf si températures douces). Couvrez bien le compost pour le protéger du froid et des pluies excessives. Acceptez que la décomposition soit plus lente.
  • Apports typiques : Déchets de cuisine (épluchures de légumes d'hiver, agrumes de Noël), carton des colis de fêtes, quelques déchets verts persistants.
  • Vigilance : Recouvrez systématiquement chaque apport avec une bonne couche de brun pour isoler et éviter le gel en surface. Le centre du tas reste actif même par grand froid.
  • Astuce : Certains jardiniers stockent leurs déchets dans un seau fermé et les ajoutent une fois par semaine en hiver pour éviter les allers-retours quotidiens par mauvais temps.

e) Calendrier récapitulatif

Saison Activité biologique Action prioritaire Fréquence brassage
Printemps Reprise progressive Récolte + relance Toutes les 2-3 semaines
Été Très active Surveiller humidité Toutes les 2 semaines
Automne Active Stock de feuilles Toutes les 3 semaines
Hiver Ralentie Protection + apports Peu ou pas

Éviter les Erreurs de Débutant

Même avec les meilleures intentions, certaines erreurs sont fréquentes. Voici comment les éviter (erreurs courantes en compostage).

❌ Erreur n°1 : Ne pas recouvrir les déchets de cuisine

Conséquence : Mouches, moucherons, odeurs désagréables.

Solution : Gardez toujours un sac de matière brune près du composteur. Systématiquement, après chaque apport de vert, ajoutez une bonne couche de brun et mélangez superficiellement.

❌ Erreur n°2 : Mettre trop de tontes d'un coup

Conséquence : Masse compacte, odeur d'ammoniaque, décomposition anaérobie.

Solution : Les tontes fraîches contiennent 80% d'eau et se compactent facilement. Ne mettez jamais plus de 5 cm de tonte en une fois. Mélangez-les immédiatement avec 2-3 fois leur volume en matière sèche. Idéalement, laissez sécher les tontes 24h avant de les ajouter.

❌ Erreur n°3 : Composter des matières inappropriées

Conséquence : Rats, mauvaises odeurs, décomposition incomplète, contamination.

Solution : Respectez strictement la liste des matières compostables. En cas de doute, consultez la règle des 3 secondes (voir section Alimentation). Les trois interdits absolus : viandes/poissons, produits laitiers, huiles/graisses.

❌ Erreur n°4 : Ne jamais brasser

Conséquence : Décomposition très lente (12-18 mois au lieu de 4-6), zones anaérobies malodorantes, compost de qualité médiocre.

Solution : Inscrivez dans votre agenda : "Brassage compost tous les 15 jours". Cela prend 5 minutes et divise par deux le temps de décomposition. Un compost brassé régulièrement est un compost réussi.

❌ Erreur n°5 : Compost trop sec ou trop humide

Conséquence : Trop sec : décomposition stoppée, poussière. Trop humide : odeurs, pourriture, lessivage des nutriments.

Solution : Faites le test de la poignée une fois par semaine. Humidité = éponge essorée. Trop sec ? Arrosez en pluie fine. Trop humide ? Ajoutez du carton ou des feuilles sèches généreusement.

❌ Erreur n°6 : Emplacement inadapté

Conséquence : Plein soleil : dessèchement constant. Ombre totale : décomposition ralentie. Loin de la maison : composteur abandonné.

Solution : Choisissez un emplacement mi-ombre mi-soleil, sur terre nue, accessible toute l'année, entre 5 et 15m de la cuisine. N'hésitez pas à déplacer votre composteur s'il est mal placé (mieux vaut le faire maintenant que de galérer pendant des années).

❌ Erreur n°7 : Vouloir aller trop vite

Conséquence : Déception face à un compost "pas prêt", découragement, abandon du compostage.

Solution : La nature a son rythme. Un compost de qualité prend 4-6 mois minimum (8-12 mois en hiver). Patience ! Utilisez ce temps pour observer, apprendre, ajuster. Votre premier compost n'est peut-être pas parfait, mais le deuxième le sera !

❌ Erreur n°8 : Abandonner en hiver

Conséquence : Perte de routine, bio-déchets à la poubelle, compost qui se compacte et sèche.

Solution : Le compostage continue en hiver ! Certes plus lentement, mais il continue. Maintenez vos apports, protégez le compost avec un couvercle, et acceptez que la magie opère au ralenti. Au printemps, vous serez récompensé.

✅ Les 3 clés du succès pour débutant

  1. TOUJOURS recouvrir chaque apport vert avec du brun → Zéro odeur
  2. Brasser toutes les 2-3 semaines → Décomposition rapide
  3. Test de l'éponge essorée pour l'humidité → Équilibre parfait

Maîtrisez ces trois gestes, et vous êtes sur la voie d'un compost parfait !

Conseil Expert : La Technique du "Compost Sandwich"

Par l'équipe LeCompost.com

Voici une technique infaillible pour les débutants, celle du "Compost Sandwich". Imaginez que vous préparez un sandwich : chaque couche de déchets verts (humides) doit être prise en sandwich entre deux couches de matière brune (sèche). Concrètement : ouvrez votre composteur, ajoutez d'abord une fine couche de feuilles mortes (le "pain du dessous"), versez vos déchets de cuisine (la "garniture"), puis recouvrez généreusement avec une nouvelle couche de brun (le "pain du dessus"). Mélangez superficiellement. Cette technique simple garantit un équilibre parfait, élimine les odeurs et les mouches, et accélère la décomposition. Après 3 semaines de pratique, ce geste devient automatique. C'est la méthode que nous recommandons à tous les débutants, et même aux composteurs expérimentés qui rencontrent des problèmes. Simple, visuelle, efficace : le compost sandwich ne rate jamais !

Questions Fréquentes sur Comment Faire du Compost

Combien de temps faut-il pour obtenir du compost utilisable ?

Avec un bon entretien (brassage régulier, équilibre vert/brun, humidité correcte), comptez 4 à 6 mois au printemps/été et 8 à 12 mois si vous démarrez en automne/hiver. Un compost "négligé" (sans brassage, mal équilibré) peut prendre 18 à 24 mois. La différence entre un compost rapide et un compost lent ? Principalement le brassage et l'équilibre des matières. Investir 5 minutes toutes les 2 semaines divise le temps par deux !

Peut-on composter sans jardin, en appartement ?

Oui, absolument ! Plusieurs solutions s'offrent à vous : le lombricomposteur (vermicompostage) sur un balcon ou en intérieur, compact et sans odeur. Le bokashi, méthode de fermentation japonaise qui fonctionne en seau fermé. Ou rejoindre un composteur collectif de quartier (compostage collectif). De plus en plus de villes proposent des points de collecte des biodéchets. Le compostage n'est plus réservé aux propriétaires de maisons avec jardin !

Mon compost sent mauvais, que faire ?

Une mauvaise odeur indique toujours un déséquilibre. Odeur d'ammoniaque (piquante) : trop d'azote → ajoutez immédiatement beaucoup de matière brune (carton, feuilles sèches) et brassez. Odeur d'œuf pourri (soufre) : manque d'oxygène → brassez énergiquement pour aérer, ajoutez du brun pour structurer. Odeur de pourriture : trop humide → ajoutez du carton absorbant, couvrez de la pluie. Un compost bien géré sent la terre de forêt, jamais mauvais (éliminer les odeurs).

Faut-il ajouter des vers de terre ou des activateurs ?

Non, ce n'est pas nécessaire ! Les micro-organismes et vers de terre colonisent naturellement votre compost s'il est posé sur terre nue. En quelques semaines, votre compost grouillera de vie. Les activateurs du commerce peuvent accélérer légèrement le processus, mais des alternatives gratuites sont tout aussi efficaces : marc de café, purin d'ortie dilué, une pelletée de compost mûr, ou même de l'urine diluée (1:10). Le meilleur activateur reste un bon équilibre et un brassage régulier !

Puis-je composter les agrumes et les oignons ?

Oui, contrairement à une idée reçue tenace ! Les agrumes (citrons, oranges, pamplemousses) se compostent très bien en quantité modérée. Leur acidité et leurs huiles essentielles peuvent ralentir légèrement la décomposition, mais ne posent aucun problème réel. Coupez-les en morceaux pour accélérer. Les oignons et ail se compostent également sans souci. Seule précaution : évitez d'en mettre des quantités énormes d'un coup (comme 5 kg d'épluchures d'oignons). Mais vos déchets quotidiens normaux ? Aucun problème !

Comment éviter les rats dans mon composteur ?

Les rats sont attirés par les protéines animales et les graisses, pas par les épluchures de légumes. Pour les éviter : NE JAMAIS mettre viandes, poissons, os, produits laitiers, huiles. TOUJOURS recouvrir vos apports avec une épaisse couche de brun. Enterrer légèrement les déchets de cuisine dans le compost plutôt que de les laisser en surface. Utiliser un composteur fermé avec un fond grillagé si vous êtes en zone à risque. Un compost bien géré (végétal uniquement, toujours recouvert) n'attire pas les rongeurs (éviter les rats).

Dois-je composter en bac ou en tas libre ?

Les deux fonctionnent, chacune avec ses avantages. Composteur en bac : esthétique, propre, limite les odeurs, protège des animaux, idéal en zone urbaine ou petit jardin. Tas libre : gratuit, volume illimité, meilleure aération naturelle, idéal en campagne ou grand jardin. Pour débuter, un bac est recommandé car il structure l'apprentissage et facilite la gestion. Une fois expérimenté, le tas libre offre plus de souplesse. L'essentiel n'est pas le contenant, mais l'équilibre et l'entretien du compost.

Que faire de mon compost pendant les vacances ?

Aucun souci ! Avant de partir : faites un dernier brassage, vérifiez l'humidité (ni trop sec ni trop humide), ajoutez une bonne couche de matière brune en surface pour protéger, et fermez bien le couvercle. Le compost continuera de se décomposer tranquillement en votre absence. À votre retour (même après 3-4 semaines), il vous suffit de reprendre vos apports normalement. Le compost est autonome et patient, c'est l'un de ses grands avantages !

Pour Aller Plus Loin